Au début du récit nous sommes en 2010 et nous nous trouvons
sur le point d’assister au suicide de Matias Bran. Une valise est cachée dans
son logement, qui ouvre la clé de son histoire. Puis le lecteur est basculé en
1910, en Hongrie, où l’on assiste à la montée des révolutions ouvrières et au
commencement de la première guerre mondiale qui se profile. La question que
l’on se pose est « quel est le lien entre l’histoire de Matias Bran, à
Madrid, et l’histoire de ces ouvriers, en Hongrie, à un siècle d’écart ? »
C’est là tout l’art d’Isabel Alba qui emmène le lecteur dans une fresque
historique et familiale, l’immergeant dans la vie de misère des travailleurs
d’une cité ouvrière de Hongrie, qui, épuisés des inégalités qu’ils subissent,
décident de se liguer contre le capitalisme.
Je lis rarement ce genre de livres, du genre saga
historique, mais je dois dire que je ne suis pas déçue. L’écriture d’Isabel
Alba est prenante, et la forme qu’elle prend varie : on passe d’un récit
type à la structure d’écriture d’un scénario en passant par celui d’une pièce
de théâtre. Aucun protagoniste n’est là au hasard, tous les destins
s’entremêlent et c’est ce qui fait une des forces de ce livre. Ce que je trouve
plutôt original également (mais là, c’est peut-être plus un manque de
connaissances de ma part), c’est le fait de parler de la situation de la
Hongrie à la veille de la Première Guerre Mondiale. En France, on trouve
évidemment beaucoup plus de récits au sujet de la France et de l’Allemagne, et
ça fait du bien, je pense, de sortir de ce que l’on « connaît » pour
découvrir comment d’autres pays ont vécu ces bouleversements historiques.
La véritable histoire de Matias Bran
Isabel Alba
Ed. La Contre-Allée
Octobre 2014
21 €
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