14/01/2023

Les Pissenlits

Les pissenlits par Six

On suit Nina, nous sommes pendant l’été 2006, juste après la défaite des bleus à la Coupe du Monde et le coup de boule mémorable de Zidane. Nina a 13 ans et part en colonie de vacances, cet été qui va marquer son passage vers l’adolescence. Des moments très innocents, très enfantins, alternent avec des moments un peu plus sérieux pendant lesquels Nina et son amie se posent des questions sur la sexualité, la mort. Ces souvenirs nous apparaissent au rythme des grands tubes de cette année-là qui posent l’ambiance de ces souvenirs et de cette période. Les couleurs utilisées et la technique retranscrivent bien à la fois la douceur du souvenir et la chaleur de l’été. L’effet introspection est réussi (recherché ou pas, peu importe) car on ne peut s’empêcher de revisualiser à la lecture ce qu’a été cette période pour nous-même. 

 

Auteur & illustrateur: Nina Six 

Editions Sarbacane

24/08/2022

27/02/2021

Soleil jusqu'à la fin

                                                    Soleil jusqu'à la fin

 

« Mais consoler un adulte, c’est peine perdue. Le monde a eu le temps de lui passer sur le cœur au rouleau compresseur et même de repasser en sens inverse ». 

 

Le monde d’Amaya s’arrête le jour où sa mère déclare forfait et se laisse mourir de chagrin après le départ de son père. Très tôt confrontée à la douleur et au désenchantement du monde des adultes, Amaya a régulièrement fait face aux duretés de la vie, et s’est construit comme elle a pu une muraille pour y face. Sa tante Thérésa est bien trop fragile pour la garder, en attendant Amaya est confiée à une maison d’enfants à caractère social. Là, Amaya va se construire des amitiés, sortir de sa douleur mais le pire va arriver au moment où elle tentait de s’en sortir. La direction de la MECS n’a d’autre choix que de l’envoyer en famille d’accueil, loin, pour se reconstruire. Méfiante à nouveau, petit à petit Amaya va découvrir en Madeleine et Pierrot un couple charmant, avec son histoire, ses blessures, certes, mais totalement dévoués au bien-être des enfants qu’on leur confie. Jusqu’à la fin, malgré les épreuves, Amaya n’a de cesse de relever la tête, regarder les choses en face et avancer. 

 

A travers les yeux et les pensées d’Amaya, le lecteur – prénommé Albert par la narratrice - est frappé et happé par les violences, les duretés et les injustices de toutes ces jeunes vies accueillies dans les maisons d’enfants. Le récit du destin d’Amaya, l’écriture, le caractère de l’héroïne et sa façon de s’exprimer prennent aux tripes et l’on reste un moment au sortir de sa lecture accompagné par sa capacité de résilience.


A partir de 14 ans.


Soleil jusqu’à la fin
de Mélanie Georgelin
ed. Sarbacane
Février 2021

 

24/02/2021

La Longue Route de Little Charlie

                                             Longue route de Little Charlie (La)


La vie de Charlie Bobo, 12 ans, fils de métayers de Caroline du Sud, est subitement bouleversée lorsque son père vient à mourir. Inattendue, sa mort ne laisse pourtant pas le temps à sa famille de faire son deuil : très vite, le Captain Buck vient réclamer le remboursement de la dette qu’il a accordé au père de Little Charlie. Du jour au lendemain, Little Charlie part sur les routes avec le Captain Buck, à la recherche de deux esclaves qui se sont enfuis il y a des années de cela, partis refaire leurs vies à la frontière canadienne.

Tout au long de ce périple, le jeune Charlie, manquant d’éducation et totalement candide, va grandir, émanciper son esprit des jugements des gens du Sud, et faire plus que rembourser une dette : construire sa dignité. 

 

Dès 13 ans.  


La longue route de Little Charlie
de Christopher Paul Curtis
ed. École des Loisirs
Février 2021

22/04/2020

Ces jours qui disparaissent

Ces jours qui disparaissent




Lubin Maréchal, jeune homme d’une vingtaine d’années, s’aperçoit souffrir d’un étrange mal : il ne se souvient pas d’un jour sur deux et découvre que lors de ces journées d’amnésie, une autre personnalité prend sa place. Soutenu par son groupe d’amis, Lubin commence à consulter un psy et se rend bien compte qu’il va devoir cohabiter avec cette personnalité et apprendre à mieux la connaître. C’est ainsi qu’il commence à interagir avec cette personnalité, par caméra interposée. Là où Lubin est rêveur, léger, plein d’humour, son double est tout son contraire : terre à terre, sérieux, responsable. Lubin persévère dans l’acrobatie, son autre se lance dans des études d’informatique. La cohabitation et ces échangent se passent bien, chacun apprenant des choses de l’autre. Mais petit à petit, « l’autre » va prendre une place de plus en plus importante. Lubin réapparaît un jour sur trois, puis un jour sur quatre, un jour sur trente-et-un, puis ces écarts se comptent par année… Cet « autre » aurait pris le pouvoir sur ce qu’est Lubin ? Cet « autre » serait un ennemi ? Combien de reste-t-il à ubin avant de disparaître complètement ?

Je lis peu de BD (il faut que je remédie à ça) et celle-ci m’a totalement séduite ! Timothé Le Boucher nous propose une histoire avec une qualité narrative comme je les aime : l’aspect thriller psychologique est magnifiquement tenu et permet plusieurs clés d’interprétation. J’ai également apprécié le graphisme : réaliste, avec des traits proches du manga. 


de Timothé Le Boucher
Ed. Glénat
Parution : Septembre 2017



15/04/2020

Galymède

Galymède, fée blanche, ombre de Thym


        Sous ses airs de jeune fille, Galymède cache un secret : quand la nuit tombe, de belles ailes blanches se déploient dans son dos et elle part à la recherche d’une petite fille à protéger afin de remplir son rôle de marraine. Seulement, dans notre monde rares sont ceux qui croient encore à l’imaginaire, à la magie et c’est ainsi que de nuit en nuit, le rôle de Galymède se réduit à peau de chagrin. La jeune Galymède se met alors à broyer du noir si bien que ce n’est pas seulement son humeur qui est affectée mais également son apparence : ses cheveux blancs et sa peau claire se modifient pour adopter des teintes plus foncées. La situation devient urgente pour Galymède : si elle se laisse aller ainsi elle risque de devenir une fée noire …

         Il y a de très bons ingrédients dans ce roman et j’ai aimé me replonger dans un univers de féérie dans lequel je ne m’étais pas laissée aller depuis longtemps. C’est d’abord non sans quelque appréhension que j’ai commencé ma lecture… pour la poursuivre avec délice ! L’auteure, Maëlle Fierpied, nous envoûte dans cette quête initiatique où Galymède va devoir partir à la recherche du Vénérable Elfe-Chêne qui devrait pouvoir l’aider à déterminer ce qu’elle veut devenir. Accompagnée de son ami Grand et plus aussi méchant Loup, Galymède part en Féérie dans une quête qui la mènera plus loin que sa propre recherche d’identité.

          Maëlle Fierpied connaît très bien l’univers de la féérie, suffisamment en tout cas pour parsemer son récit de références littéraires ou autre qui en donnent d’autant plus corps. J’ai eu l’impression d’y voir quelque fois un humour à la Donjon de Naheulbeuk (ce n’est peut-être qu’une interprétation de ma part mais j’ai trouvé que beaucoup de répliques décalées fusaient de la même manière). Malgré quelques longueurs ressenties vers le dernier tiers du livre je ne regrette pas ma lecture, loin de là, car ça a été une véritable surprise de découvrir dans quelle histoire le Vénérable Elfe-Chêne avait pu embarquer notre Galymède. 


de Maëlle Fierpied
ed. Ecole des Loisirs
coll. Médium +
Janvier 2012

08/04/2020

Les enfants des autres


Les enfants des autres par Bailly


          Robert, dit Bobby, mène une vie paisible avec sa femme Julie et leurs deux enfants. Lorsqu’un jour, en rentrant du travail après une journée éprouvante, il découvre Julie et Max dans une situation embarrassante, sa vie bascule. Blessé, désorienté, furieux, il s’en va de la maison, traverser la forêt et se dormir chez sa grand-mère, loin de tout ça. Le lendemain, Bobby retourne chez lui et cherche désespérément ses enfants. « Quels enfants ? » lui demande Julie qui semble ne pas comprendre son effroi. Ne prend t-il pas pour ses enfants les enfants de son couple d’amis Max et Alexa ? Est-il père ? Le veut-il ?
          A partir de ce point de départ étrange et intrigant, Pierric Bailly installe brillamment le malaise et le doute auprès du lecteur. Une lecture à l’écriture tranchante, ou derrière chaque affirmation se cache peut-être une illusion. 


De Pierric Bailly
Ed. P.O.L.

01/04/2020

L'internat de l'île aux cigales








          Imaginez une île au large de Cherbourg sur laquelle se trouve une prestigieuse école. Dans cette école, vous apprenez les matières fondamentales, certes… mais surtout, vous vous perfectionnez dans l’art que vous pratiquez : chant, musique, peinture, danse, théâtre … Chaque année cinq élèves ont la chance de pouvoir y effectuer leur rentrée en 6ème et d’avoir le meilleur accompagnement possible. De solides amitiés y naissent, certaines rivalités aussi. D’autant plus que les règles dans cette école sont strictes et le moindre écart peut vous faire renvoyer. Mais Eli, élève de 3ème, a l’expérience suffisante pour encourager les 6èmes, ses jeunes « Tigres » comme il aime les appeler, à dépasser cela et à faire partie de son groupe. C’est ainsi que régulièrement, après le couvre-feu, les élèves se donnent rendez-vous dans un lieu secret : un ancien dortoir où étaient réfugiés des enfants juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Des archives y trainent encore … de quoi piquer leur curiosité… 


De Julie Bonnie
Ed. Albin Michel Jeunesse
Avril 2019

18/03/2020

Les nuits invisibles


J'avais beaucoup aimé le précédent titre jeunesse de Philippe Limon "Robinson le vendredi", réécriture très intéressante de " Robinson Crusoé ".

Dans " Les nuits invisibles ", Philippe Limon s'inspire à nouveau d'un classique de la littérature: " L'homme invisible " de H.G. Wells. On y suit Emile, passant ses vacances d'été dans la même villa de bord de mer que l'année précédente. L'année dernière déjà, une jeune fille de son âge avait attiré son attention. Timide et solitaire, c'est donc fidèle à lui-même qu'Emile s'est retenu de faire le moindre premier pas pour faire sa connaissance. Par chance, cette année encore, cette jeune fille et sa famille passent leurs vacances au même endroit... Emile, ayant débuté la lecture de "L'homme invisible", ne rêve que d'une chose : pouvoir approcher cette jeune fille sans être vu, bon moyen de contourner sa timidité maladive ! C'est alors que le fantastique pénètre dans cette histoire : le personnage du livre s'adresse directement à Emile et lui accorde trois nuits durant lesquelles il sera invisible. C'est la chance ou jamais pour Emile de réaliser ce qu'il souhaite tant. 

Un peu onirique, un peu flottant: le roman de Philippe Limon nous emmène dans les premiers émois avec cette atmosphère étrange, un temps d'attente, entre deux eaux, où l'invisibilité de notre héros l'amène à oser un peu plus, à grandir et pourquoi pas, à faire le premier pas. 

13/03/2019

Les pointes noires


Les Pointes noires

          Une myriade de thématiques intégrées dans un récit de 170 pages ! Et tout ça, sans que l'on ait l'impression qu'elles tombent comme un cheveu sur la soupe. Eve, le personnage principal, est née au Mali. Elle vit au sein d'un orphelinat depuis que ses parents sont morts du sida. Elle s'est liée d'amitié avec Hawa, séropositive, et mise de côté par les sœurs qui s'occupent de l'orphelinat. Au hasard des programmes TV diffusés pendant la sieste, elle surprend une fois un documentaire sur la danse classique qui deviendra sa grande passion. A l'âge de six ans, un couple de français arrive à l'orphelinat en vue de l'adopter. Le début est difficile, le couple vient la voir plusieurs fois, les moments de visite s'allongent afin que la petite Eve s'habitue à sa future nouvelle vie. La voilà maintenant en France, pratiquant la danse classique et travaillant d'arrache-pied pour préparer le concours d'entrée à l'Opéra National de Paris. Son chemin va être semé d'embûches: après le départ en congés maternité de sa professeur de danse, c'est la descente aux enfers car sa remplaçante fait preuve d'une certaine intolérance vis-à-vis de sa couleur de peau ... qui ne répondrait pas aux critères esthétiques de la danse classique. Ainsi humiliée et rabaissée, Eve avale pourtant ces remarques sans en faire part à personne et travaille doublement chez elle ... négligeant sa santé. Il faudra en arriver au malaise pour qu'elle parle enfin de ce qu'elle traverse. 

         J'avais précédemment lu un roman de Sophie Noël: La Saveur des bananes frites paru également chez Magnard. Ces deux romans sont agréablement surprenant car abordant des thèmes très variés, pas forcément faciles, en l'espace d'un nombre de pages assez limité. Indéniablement une auteure à suivre. 

Les pointes noires
de Sophie Noël
Editions Magnard
Novembre 2018

06/03/2019

La peau dure

 "Moi, j'écoutais tout ça et je trouvais qu'il parlait bien. Il raisonnait juste. J'aurais pas su arranger ça si bien mais c'était tout à fait ce que j'aurais voulu pouvoir dire. "


          C'est l'une de ces pensées que nous délivre Clara - l'une des trois protagonistes du livre- tandis qu'elle est victime d'une véritable injustice. Placée en tant que bonne chez un couple charmant qui prendra sa défense, Clara, comme ses deux autres sœurs dont on découvrira les monologues, est issue d'une famille modeste. Mises à la rue par leur belle-mère après que leur père se soit remarié, Clara et ses sœurs devront se débrouiller pour pouvoir s'en sortir. Clara a trouvé une maison dans au sein de laquelle ses patrons lui font confiance bien qu'elle va se retrouver quelques mois en prison à cause d'un avortement; Jacquotte, elle, a hérité de la fragilité de santé de sa mère. D'abord mariée à Henri, ils filent le parfait amour mais le mariage se solde par un divorce. Jacquotte va devoir se battre pour ne pas être déchue de ses droits maternels à l'égard de sa fille. Enfin, il y a Louison. Plus légère, elle vit au dépend d'un homme qui traîne dans des affaires qui sont souvent à la limite de la légalité. La peau dure est un formidable récit qui trouve encore une grande résonance aujourd'hui (le texte date de 1948). Bien qu'il raconte l'histoire de trois femmes, jetées dans un monde d'hommes et fait par des hommes, victimes de leurs lois; parce que ces trois personnages sont d'origine modeste (cette modestie est brillamment retranscrite au travers du langage de ces trois femmes), le texte aujourd'hui peut connaître cette même force car il parle au fond de tous les laissés pour compte de la société. 


La peau dure
de Raymond Guérin
Editions Finitude
Octobre 2017