Dans un futur plus ou moins proche, indéfini, l’espèce
humaine a perdu de sa splendeur. Celle-ci n’a plus de privilèges : ni
celui de posséder et encore moins celui de décider. Délogés de leur position « d’espèce
supérieure », les Hommes sont réduits à endosser le rôle des animaux face
à la nouvelle espèce qui a conquis la Terre. Cette nouvelle espèce,
volontairement non décrite par l’auteur, a pris la place des maîtres et
possesseurs qu’avaient les Hommes auparavant. Car les Hommes appartiennent
désormais à une autre catégorie : celle des animaux et sont traités comme
les être inférieurs qu’ils sont. Malo Claeys, membre du ministère, travaille
sur une loi qui permettrait d’offrir une fin de vie descente aux hommes qui ne
sont plus productifs. Depuis que la population à laquelle appartient Malo Claeys
a rencontré les hommes, elle s’est battue pour avoir cette place de maître. Les
Hommes, eux, ont trois possibilités qui s’offrent à eux : celle de
travailler au service de cette population, celle d’être des animaux de
compagnie, ou celle encore d’être élevée pour finir dans leurs assiettes. Iris,
une femme recueillie clandestinement par Malo Claeys après une visite dans un
élevage, doit être opérée. Sans papiers, l’opération ne peut avoir lieu. Malo
Claeys va tout tenter pour la sauver, l’empêcher de connaître la fin misérable
que connaissent la plupart des Hommes.
J’ai été happée par ce roman dystopique. Le récit se
construit sur deux périodes de la vie de Malo Claeys : son rôle en tant
que membre du ministère et son arrivée sur Terre. L’auteur s’est volontairement
appliqué à ne pas décrire ce personnage et l’espèce à laquelle il appartient,
laissant ainsi le champ libre au lecteur. A aucun moment il n’est fait mention
de quelconque « extraterrestre » ou d’ « alien ». Au
contraire, il s’agit avant tout d’exode pour cette nouvelle espèce qui
cherchait une terre accueillante pour continuer à exister. Pour ce genre de récit
et le propos qu’il défend, cette alternance de deux périodes de la vie de Malo
Claeys est savante : on entre ainsi pleinement dans la psychologie de ce
personnage qui se trouve confronté au choix difficile de faire cohabiter ses
convictions avec la loi.
Défaite des maîtres et
possesseurs
Vincent Message
Seuil
Janvier 2016
18 €