Dans
ce roman, l’auteur Philippe Limon donne son interprétation de
l’histoire de Robinson Crusoé. Développé en trois parties
(Robinson, Vendredi, Defoe), on suit les aventures de Robinson :
le naufrage, le réveil sur l’île, les années de survie, la
rencontre avec Vendredi, le retour à Londres et la rencontre avec
Daniel Defoe. Naufragé, ne sachant pas où l’île sur laquelle il
a échoué se situe exactement, il se pare à la plus évidente des
éventualités : assurer sa survie le plus longtemps possible.
Ce qui implique d’apprendre à connaître l’île, à apprivoiser
chèvres et cochons pour se nourrir, à trouver des moyens
d’améliorer son mode de vie sur l’île, à vivre simplement. Un
jour, un groupe d’indigènes arrive sur l’île et Robinson, pris
entre l’envie de les chasser et sa protection, observe ce qu’ils
font. C’est avec dégoût qu’il découvre après leur départ les
os de leur prisonnier, dont ils se sont repus. Des mois après ils
reviennent. Avec un autre prisonnier. Cette fois, Robinson lui évite
le pire. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Vendredi. Il
lui apprend l’anglais, lui parle de la vie à Londres, et apprécie
d’avoir enfin un compagnon pour parer à la solitude avec laquelle
il avait appris à vivre. Ses récits de Londres font rêver Vendredi
alors quand enfin un navire approche de l’île, ils embarquent et
déjà Vendredi s’éloigne de Robinson. Le capitaine du navire se
révélera être un précieux ami pour Robinson lors de son retour et
de ses entrevues avec l’écrivain Daniel Defoe qui veut s’inspirer
de son récit pour écrire son nouveau roman.
J’ai
été passionnée par ce récit, et voir chez le personnage de
Robinson autant de sang-froid et de raisonnement pour entamer sa vie
sur l’île. Je n’ai pas lu les livres de Michel Tournier, mais
d’après ce que j’ai pu lire sur d’autres avis ou blogs,
certains détails sont repris que ce soit chez Tournier ou chez
Defoe. Le personnage évolue, vit avec des souvenirs d’un Londres
qu’il ne retrouvera pas à son retour et qui marqueront un décalage
profond et un malaise qui feront sentir à Robinson qu’il n’est
plus à sa place dans cette ville qu’il n’a pas vu changer. Le titre choisi joue parfaitement sur l’ambiguïté du vendredi pour désigner aussi bien le jour de la semaine ou notre héros retrouver Defoe pour lui raconter ses aventures, et le nom de son compagnon d'infortune. On
retrouve cette réflexion autour de l’homme civilisé et de l’homme
sauvage et ce Robinson est l’illustration du triomphe d’un de ces
hommes.
Robinson le vendredi
De Philippe Limon
Magnard
Septembre 2018